COLLOQUE
PARIS-SORBONNE
Le sens présuppose-t-il le vivant ?
Nicole PIGNIER
Nicole PIGNIER
Synoptique de l'exposé
Pour Nicole PIGNIER le SENS présuppose le vivant.
  • Il est absent des machines, même dotées d’intelligence artificielle (I.A.).
  • Il est présent chez les VIVANTS (Homo, animaux, et plantes parfois).
A propos des MACHINES, elle observe notamment que :
  • L’abstraction fondamentale de l’I.A. se passe du sens, en conscience et en intentionnalité.
  • L’I.A ». permet d’effectuer des calculs de façon « A-SEMIOTIQUE », sans compréhension ni interprétation des symboles au sens de codes mobilisés, sans sémiose, sans référence au sens.
Du côté des VIVANTS, elle observe leur capacité à :
  • S’ORIENTER, se diriger dans leur milieu.
  • SIGNIFIER, c.à.d. apprécier un élément comme SIGNIFIANT un autre élément.
  • SYMBOLISER, c.à.d. signifier l’absent et le désigner dans la distanciation.
  • ENONCER, c’est-à-dire « faire signe », et donc signifier.
  • CO-ENONCER, c’est-à-dire présupposer l’échange en retour de la part de celui qui perçoit des signes.
Son raisonnement recourt aux concepts d’ENONCIATION et CO-ENONCIATION, définis par Jacques FONTANILLE et Claude ZILBERBERG.

Elle va au-delà des définitions du SENS proposées par Henri VAN LIER, centrées sur Homo et ses aptitudes à établir des liens entre SEGMENTS THEMATISEURS « PURS » et SEGMENTS THEMATISES (voir note / commentaire en bas de cette page).

Synoptique des questions / réponses
Les échanges avec la salle se sont déroulés comme suit (minute 00:00 à 21:03):
  • 00:00 - Question - Denis BAUDIER - Comment situer le "langage" de l'acacia
  • 01:29 - Question - Pierre MARILLAUD - D'accord avec un non dualisme Homme / Animal...
  • 08:43 - Question - Eric GUICHARD - Définir sens, réalité, sémiose, symbole, IA ?
  • 17:18 - Question - Eric GUICHARD - Y a-t-il de la religiosité dans vos propos ?
  • 17:08 - Question - Jean-François BORDRON - Importance de l'énonciation, de la sémiose,...
 
 
Note / Commentaire
Pour Henri VAN LIER, le champ sémiotique d'Homo englobe (1) des significations, (2) des sens, (3) le sens, (4) le Sens (majusculé), (5) le cryptique, et (6) la signifiance auxquels il prend soin de donner des définitions différentes <8F>. En voici un aperçu:
  • (1) Les significations : Emploi le plus courant du SIGNE, où le désigné est défini, descriptible, et pas ou peu ambigu. Comme dans l'expression "cette maison".
  • (2) Les sens : Lorsqu'il s'agit de désigné(s) vague(s), imprécis, indéterminé(s), comme dans l'expression "quel sens donnez-vous à ce mot".
  • (3) Le sens : Lorsqu'il s'agit d'un processus, un cours général des choses, comme dans l'expression "le sens de la vie".
  • (4) Le Sens (majusculé) : Lorsqu'il s'agit d'un absolu (Causalité aristotélicienne, Raison d'être leibnizienne, Substance-Conscience hégélienne) ou lorsqu'il s'agit d'une thématisation de la présence-absence (doxa, nirvana, tao, etc.).
  • (5) Le cryptique : Lorsque les signes sont indéchiffrables (silences, réserves, codes secrets, etc.)
  • (6) La signifiance : Lorsque le désigné s'efface devant son désignant, par exemple dans les expressions "la démocratie", "le devoir", "la patrie".
Dans le prolongement de ces définitions, Henri VAN LIER, précise les notions de (1) Communication, (2) Communion, (3) Participation <8G>:
  • (1) La communication : Lorsqu'il y a transmission d'INFORMATIONS, par des SIGNES chez Homo, et par des STIMULI-SIGNAUX chez l'animal
  • (2) La communion : Lorsqu'il y a transmission d'EFFETS DE CHAMPS, indescriptibles, incoordonnables, de l'ordre de la présence-absence (communion entre musicien et auditeurs, ou entre caressant et caressé).
  • (3) La participation : Lorsqu'il y a dosage de communication et communion, par exemple dans les repas de famille ou les repas d'affaires.
Si l'on s'en tient à ces définitions, présentées au chapitre 8 d'Anthropogénie, les différentes notions de sens identifiées par Henri VAN LIER semblent nécessiter le VIVANT. Mais, elles ne s'étendent pas aux règnes animal et végétal, du moins si l'on accepte la définition du SIGNE qu'il propose.

* * *

La notion de SIGNE, utilisée ci-dessus, est définie en détail aux chapitres 4 et 5 d'Anthropogénie.

Elle s'écarte des définitions de PEIRCE, SAUSSURE, ou des logiciens anglais.

Son avantage essentiel est de convenir aussi bien aux activités techno-sémiotiques d'Homo, depuis deux millions d'années, qu'à celles de la photographie aujourd'hui, ou encore à celles relatives aux signes calculés par l'intellignece artificielle.

Le lecteur intéressé par la sémiotique d'Henri VAN LIER pourra lire la fiche LA SEMIOTIQUE D'HENRI VAN LIER (17 pages) ou plonger directement dans les chapitres 4, 5, 7, 9, 10 et suivants d'Anthropogénie.